Les élèves latinistes de 3e ont mené un projet sur Montaigne incluant la visite de la tour de son château en Dordogne. Ils vous présentent ici une série de podcasts à la découverte de ce philosophe originaire de notre région, amoureux de l’antiquité et des auteurs grecs et latins.
Épisode 1/8 : Biographie de Montaigne
Biographie de Montaigne
Montaigne est un écrivain du XVIe siècle, né le 28 février 1533. Philosophe et moraliste de la Renaissance, écrivain érudit, fondateur des « sciences humaines et historiques », il est issu d’une famille anoblie de riches négociants bordelais, les Eyquem.
Il passe son enfance au château de Montaigne, où il acquiert, grâce à son père, des connaissances littéraires, linguistiques et philosophiques fondamentales.
À sept ans, Montaigne parle couramment latin. Après des études de droit, il débute sa carrière en 1554 en tant que conseiller à la Cour des Aides de Périgueux, puis au Parlement de Bordeaux où il siège durant presque 15 ans.
Deux ans après la mort de son ami La Boétie en 1563, Montaigne épouse la fille d’un parlementaire bordelais, François de La Chassaigne.
En 1569, à la demande de son père, mort un an auparavant, Montaigne publie une traduction de la Théologie naturelle de Raymond Sebond.
Il publie Les Essais, livres I et II en 1580.
A partir de juin 1585, la peste dévaste Bordeaux. Il fuit Bordeaux et va se réfugier dans son château. Il dit dans les Essais“au dehors et au dedans de chez moi, je fus assailli par la peste, une peste des plus violentes entre toutes.” et cite le poète latin Horace, né en 65 av. J.-C et mort en 8 av. J.-C. : Mista senum et juvenum densantur funera, nullum Saeva caput Proserpina fugit, ce qui signifie « Jeunes et vieillard s’entassent, pêle-mêle, dans la tombe, Nulle tête n’échappe à la cruelle Proserpine ».
Les Essais, livre III sont publiés en 1588. Son Journal de Voyage paraît de manière posthume en 1774. Montaigne meurt le 13 septembre 1592 à 59 ans, affaibli pars sa maladie. Il s’éteint dans son château, probablement d’un oedème à la gorge. Les derniers instant de sa vie ont été représentés par Alexis Joseph Perignon en 1836 puis par Joseph Robert Fleury en 1853. Après sa mort, le corps de Montaigne a été placé au couvent des Feuillants, devenu faculté, puis musée d’Aquitaine au début des année 1980.
Ethan, Noé, Théo
Épisode 2/8 : La “librairie” de Montaigne
LA LIBRAIRIE DE MONTAIGNE
I–Présentation de château.
Pierre Magne, avocat puis ministre des Finances sous Napoléon III, transforma la maison forte de Michel de Montaigne, en un véritable château de plaisance. Son arrière grand-père, Ramon Eyquem, en fait l’acquisition en 1477 et accède ainsi au noble statut de Seigneur de Montaigne qu’il léguera à ses enfants et petits-enfants. La tour de Montaigne est au sud du château, c’est un monument historique situé dans le département français de la Dordogne. La tour est le seul vestige du château d’origine du XVIe siècle, puisque les autres bâtiments ont dû être reconstruits suite à un incendie en 1885.
II–Sa librairie.
La bibliothèque de Montaigne, qu’il appelle « librairie », se trouve au troisième étage de la tour, au-dessus d’une chapelle et sa chambre.
C’est là qu’il passe la plupart de son temps, seul : “c’est là que je passe la plupart de mes jours, et la plupart des heures du jour » écrit-il dans ses Essais. Elle débouche sur un cabinet « assez plaisant », où il peut faire du feu l’hiver, et qui est « convenablement éclairé par une fenêtre ». Sa librairie est ronde. Le seul côté droit est juste assez grand pour une table et un siège. Elle lui offre ainsi, d’un seul coup d’œil, tous ses livres, rangés sur des rayonnages à cinq niveaux.
Elle a un diamètre de seize pas et trois fenêtres qui offrent une belle vue dégagée. En hiver, Montaigne y est moins souvent car il n’y a pas de pièce plus soumise au vent que celle-ci, mais elle lui plaît parce qu’elle est un peu à l’écart et difficile d’accès, non seulement pour l’exercice que cela lui procure, mais parce que sa situation retient la foule loin de lui.
III–Pourquoi aimait-il s’y réfugier ?
Quand il est chez lui, il se réfugie bien souvent dans sa librairie, d’où il peut diriger toute sa maison : il est au-dessus de l’entrée, et il peut voir en dessous son jardin, ses écuries, sa cour, et la plus grande partie de sa maison.
Il écrit également dans ses Essais : « Je m’’efforce d’en être le maître absolu, et de soustraire ce petit coin à la communauté conjugale, filiale, et sociale. […] Qu’il est malheureux, à mon avis, celui qui n’a, chez lui, d’endroit où il puisse être à lui, où il puisse se parler à lui-même, où il puisse se cacher ! »
IV–Qu’est ce qu’il y faisait ?
Dans sa « librairie » Montaigne lit et écrit : « Là, je feuillette tantôt un livre, tantôt un autre, sans ordre et sans but précis, de façon décousue. Tantôt je rêve, tantôt je prends des notes, et je dicte en me promenant les rêveries que vous avez sous les yeux. ». Il trouve dans les livres de sa bibliothèque la matière de ses Essais : « Je grappille par-ci, par-là dans les livres les sentences qui me plaisent ; non pour les conserver, car je n’ai pas de mémoire où les conserver, mais pour les transporter en celui-ci, où elles ne sont, à vrai dire, pas plus les miennes qu’en leur place d’origine.
V–Les sentences
Au plafond de la « librairie », on peut lire des extraits de sentences peintes sur les poutres comme :
- “O miseras hominum mentes o pectora caeca qualibus in tenebris vitae quantisque periclis degitur hoc aevi quodcunque est.”
→Pauvres esprits humains, cœurs aveugles, quelles ténèbres, que de périls tout au cours de cette vie, quelle qu’en soit la durée.
(Lucrèce, II, 12-14)
- “Nolite esse prudentes apud vosmetipsos.”
→ Ne vous prenez pas vous-mêmes pour des sages.
(Saint Paul, Epître aux Romains, 12, 16)
- “Summum nec metuam diem nec optem.”
→ Ni craindre ni espérer mon dernier jour.
(Martial, X, 47, 13)
Louis, Luna, Maxime, Sarah
Épisode 3/8 : Le cénotaphe de Montaigne
Le cénotaphe de Montaigne
Cénotaphe : monument funéraire à la mémoire d’un mort et qui ne contient pas son corps.
Description du Cénotaphe de Montaigne:
Le cénotaphe a été sculpté par deux sculpteurs qui se nomment Prieur et Guillermain au XVIe siècle. Dans le calcaire nous pouvons y apercevoir des moulures. On peut y trouver quatre têtes de mort couronnées de lauriers. Elles nous rappellent la vanité des ambitions humaines.
Vêtu d’une armure sur le modèle médiéval, nous pouvons y voir une statue de Montaigne allongée, les mains jointes comme s’il priait. Il est richement vêtue et un casque d armure repose au dessus de sa tête. De part et d’autre du tombeau sont gravées deux épitaphes. L’une, en latin, sur la partie décorée, est considérée comme l’épitaphe officielle ; elle retrace dans le style de l’époque l’ascendance du défunt, les charges qu’il a assurées et ses qualités humaines. Dans l’autre, en grec, Montaigne apostrophe directement le lecteur pour lui rappeler dans un style emphatique combien il a su se hisser au rang des plus grands.
Au pied de Montaigne se trouve un lion qui symbolise, au Moyen Age, le courage. Il a la particularité d’avoir deux langues que les lettrés interprètent comme une référence aux deux langues de culture que maîtrisait le philosophe : le grec et le latin. Mais on pourrait y voir aussi bien une référence à ses deux langues maternelles : le latin et le gascon. C’est la famille de Montaigne qui a voulu mettre en évidence ses qualités intellectuelles.
Inscription du cénotaphe de Montaigne en latin:
MICHAELI MONTANO PETROCORENSI PETRIF GRIMUND DIN REMUNDI PRON. EQUITI TROQUATO CIVIROMANO CIVITATIS BITURIGUM VIVISCORUM EXMAIORI VIRO AD NATURAE GLORIAM NATO QUOIUS MORUM SUAVITUDO INGENII ACUMEN EX TEMPORALIS. FACUNDIA ET INCOMPARABILE IUDICIUM SUPRA HUMANAM SORTEM AESTIMATA SUNT. QUI AMICOS USU REGES MAXUMOS ET TERRAE GALLIAE PRIMORES VIROS IPSOS ETIAM, SEQUIORUM PARTIUM PRAESTITES TAMEN ETSI PATRIARUM IPSE LEGUM ET SACRORUM AVITORUM RETINENTI SSIMUS SINE QUOIUSQUAM OFFENSA SINE PALPO AUT PIPULO UNIVERSIS POPULATIM GRATUS UTQUE ANTIDHAC SEMPER ADVERSUS OMNIS DOLORUM MINACIAS MOENITAM SAPIENTIAM LABRIS ET LIBRIS PROFESSUS ITA IN PROCINCTU FATI CUM MORBO PERTINACITER INIMICO DIUTIM VA LIDISSUME CONCLUCTATUS TANDEM DICTA FACTIS EXAEQUANDO POLCRAE VITAE POLCRAM PAUSAM CUM DEO VOLENTE FECIT.
Traduction:
A Michel de Montaigne, périgourdin, fils de Pierre, petit-fils de Grimond, arrière petit-fils de Raymond, chevalier de Saint Michel, citoyen romain, ancien maire de la cité des Bituriges Vivisques1, homme né pour être la gloire de la nature et dont les amours douces, l’esprit fin, l’éloquence toujours prête et le jugement incomparable ont été jugés supérieurs à la condition humaine, qui eut pour amis les plus grands rois, les premiers personnages de France, et même les chefs du parti de l’erreur2, bien que très fidèlement attaché lui-même aux lois de la patrie et à la religion de ses ancêtres, n’ayant jamais blessé personne, incapable de flatter ou d’injurier, il reste cher à tous indistinctement, et comme toute sa vie il avait fait profession d’une sagesse à l’épreuve de toutes les menaces de la douleur, ainsi arrivé au combat suprême, après avoir longtemps et courageusement lutté avec un mal qui le tourmenta sans relâche, mettant d’accord ses actions et ses préceptes, il termine, Dieu aidant, une belle vie par une belle fin.
Traduction de Reinhold Dezeimeris, 1861
Inscription du Cénotaphe de Montaigne en grec :
̓ΗΡΙΟΝ ὍΣΤΙΣ ἸΔΩΝ ἨΔ’ ὈΥΝΟΜΑΤ’ ̔ΟΥΜΟΝ, ἘΡΩΤΑΣ ΜΩΝ ΘΑΝΕ ΜΟΝΤΑΝΟΣ ; ΠΑΥΕΟ ΘΑΜΒΟΠΑΘΕΙΝ. ὈΥΚ ἘΜΑΤ’ ̓ΑΥΤΑ ΔΕΜΑΣ ΓΕΝΟΣ, ΕΥΓΕΝΕΣ, ὈΛΒΟΣ ἈΝΟΛΒΟΣ, ΠΡΟΣΤΑΣΙΑΙ, ΔΥΝΑΜΕΙΣ, ΠΑΙΤΝΙΑ ΘΝΗΤΑ ΤΘΧΗΣ. ὈΥΡΑΝΟ ΘΗΝ ΚΑΤΕΒΗΝ ΘΕΙΟΝ ΦΥΤΟΝ ἘΙΣ ΧΘΟΝΑ ΚΕΛΤΩΝ , ὈΥ ΣΟΦΟΣ ἨΛΛΗΝΩΝ ὈΓΔΟΟΣ ὈΥ ΤΕΤΡΙΤΟΣ ἈΥΣΟΝΙΩΝ, ἈΛΛ’ ἘΙΣ ΠΑΝΤΩΝ ̓ΑΝΤΑΞΙΟΣ ἈΛΛΩΝ, ΤΗΣ ΤΕ ΒΑΘΕΙ ΣΟΦΙΗΣ ἈΝΘΕΣΙΤ’ ̓ΕΥΕΠΙΗΣ, ὉΣ ΚΑΙ ΧΡΙΣΤΟΣ ἘΒΕΙ ΞΥΝΟΣΑ ΔΙΔΑΓΜΑΤΙ ΣΚΕΨΙΝ ΤΗΝ ΠΥΡΡΩΝΕΙΗΝ. ἘΛΛΑΔΑ Δ’ ̓ΕΙΛΕ ΦΘΟΝΟΣ· ̓ΕΙΛΕ ΚΑΙ ἈΥΣΟΝΙΗΝ ΦΘΟΝ’ ἘΡΗΝ Δ’ ἘΡΙΝ ἈΥΤΟΣ ἘΠΙΣΚΩΝ ΤΑΞΙΝ ἘΠ’ ὈΥΡΑΝΙΔΩΝ ΠΑΤΡΙΔΑ ΜΕΥ ἈΝΕΒΗΝ.
Traduction:
Qui que tu sois, qui en voyant cette tombe et mon nom, demande : Montaigne est-il donc mort ? Cesse de t’étonner : corps, noblesse, félicité menteuse, dignités, crédits, jouets périssables de la fortune, rien de cela n’était mien. Rejeton divin, je suis descendu du ciel sur la terre des Celtes, non point huitième sage de la Grèce, ni troisième de l’Ausonie4, mais unique, égalant à moi seul tous les autres, et par la profondeur de ma sagesse, et par les charmes de mon langage, moi qui au dogme du Christ alliai le scepticisme de Pyrrhon. La jalousie s’empara de la Grèce ; elle s’empara de l’Ausonie, mais j’arrêtai moi-même cette rivalité jalouse en remontant vers ma patrie, en reprenant mon rang au milieu des esprits célestes.
Traduction de Reinhold Dezeimeris, 1861
Histoire du cénotaphe
Montaigne a été enterré dans l’ancien couvent des Feuillants construit sur le site actuel du Musée d’Aquitaine à la fin du Moyen Âge. La veuve de Montaigne avait obtenu des Feuillants, le 27 janvier 1593, la permission de faire inhumer son mari dans un caveau devant le grand autel de l’église. Le cénotaphe était peut-être en place à la date de l’inhumation du corps de Montaigne, le 1 mai 1593. On est sûr qu’il s’y trouvait en 1608. En 1614, quand l’église a été reconstruite selon un nouveau plan, il a été transporté dans la chapelle Saint-Bernard et y est resté jusqu’en 1793. Après la destruction de l’ancienne église des Feuillants et la construction sur son emplacement de la nouvelle faculté des lettres et des sciences qui ouvre en 1885, le cénotaphe est remonté par l’architecte Paul Durand dans le hall. Il avait été restauré par le sculpteur Venturini. Il y a une anecdote avec les pieds de la statue qui se situe sur le cénotaphe. A cette époque, les étudiants touchaient ces derniers pour leur porter chance. La faculté est devenue musée d’Aquitaine en 1987 et le monument a été déplacé du hall vers les salles d’exposition en 1991.
Le cœur de Montaigne se trouve dans l’Église de son village. Son corps a été déplacé au cimetière de la Chartreuse après un incendie au XIXe siècle puis replacé dans la chapelle.
Agathe, Lucie, Manon
Épisode 4/8 : Les Essais de Montaigne
Les Essais de Montaigne
La préface
Dans ses Essais, Montaigne entame une réflexion sur lui-même dans le but que sa famille et ses amis le connaissent au mieux. Dans sa préface, il tutoie son lecteur et l’appelle à l’indulgence. Comme s’il était un de ses proches, Montaigne se confie à lui au naturel, sans cacher ses défauts, et en livrant ses pensées prises sur le vif. Il rapporte des évènements et en fait découler une réflexion philosophique. Il ne recherche pas la faveur du monde : il dit la vérité sans l’enjoliver.
Il écrit par exemple « Je veux, au contraire, que l’on m’y voie dans toute ma simplicité, mon naturel et mon comportement ordinaire, sans recherche ni artifice, car c’est moi que je peins. »
La forme des Essais
Dans les Essais, Montaigne utilise les citations qui lui plaisent. Il nomme des philosophes comme Socrate et Plutarque. Il écrit ses pensées, ses désirs et ses idées là où bon lui semble. Il compare le résultat de ses réflexions à des corps monstrueux. Il dit de son œuvre, en citant Horace : Desinit in piscem mulier formosa superne, c’est-à-dire « C’est le corps d’une belle femme, que termine une queue de poisson ».
Une œuvre humaniste
Les Essais appartiennent au courant humaniste notamment parce qu’ils consistent à faire découvrir sa façon de penser et parce que le philosophe fait des références à des textes antiques.
L’humanisme est un Mouvement intellectuel qui évolue surtout dans l’Europe du 16e siècle et qui tire ses méthodes et sa philosophie de l’étude des textes antiques.
C’est avec Pétrarque (qui est né en 1304 et mort en 1374) que naît en Italie le mouvement humaniste de la Renaissance. Les humanistes du 15e siècle s’efforcent de retrouver l’authenticité de la pensée des Anciens, perdue sous les multiples adaptations et interprétations chrétiennes du Moyen Âge. Ils étudient les langues anciennes (grec, hébreu, latin classique, syriaque) et recherchent des manuscrits dans tout le monde méditerranéen.
C’est également une Philosophie qui place l’homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs
Le mot HUMANITAS désigne en latin la culture. Les enseignants de l’université appelle leur enseignement « lettres d’humanité », et on les nomme ensuite eux-mêmes « humanistes ». Mais ce beau terme d’humanitas évoque aussi une élégance morale, une politesse, une courtoisie, c’est-à-dire tout ce qui fait un homme vraiment homme selon la pensée de l’époque. L’humanisme est un acte de foi dans la nature humaine, et la conviction, pour reprendre la formule d’André Gide, qu’« il n’y a d’art qu’à l’échelle de l’homme ».
Présentation des exemplaires conservés à Bordeaux
La toute première édition des Essais de Montaigne a été publiée en 1580 à Bordeaux chez Simon Millanges.
L’Exemplaire, dit de Bordeaux, a été publié en 1588. L’auteur l’a largement annoté jusqu’à sa mort.
Ceci est une page parmi tant d’autres du texte des Essais de Montaigne. Cette page a été imprimée. Cependant, nous apercevons, sur les côtés, des rajouts de Montaigne, écrits à la main, selon l’orthographe de l’époque. Les « u » sont remplacés par des « v » et les « s » sont remplacés par des « f ».
Dans cet extrait, on distingue beaucoup de mots qui ont disparu de la langue française (exemple : « onc » qui signifie jamais). Nous avons l’impression que sur cette partie du texte, il manque des lettres, qu’il s’est trompé de mots, parfois on ne comprend pas ce qui est écrit. On retrouve souvent le signe de l’esperluette « & » qui signifie « et ». Montaigne a aussi corrigé de nombreux mots à la main.
Elena, Flavie, Lucie, Nour
Épisode 5/8 : De l’éducation selon Montaigne
L’éducation selon Montaigne
Présentation
Montaigne, de son nom complet Michel Eyquem de Montaigne, est né le 28 février 1533 et décédé le 13 Septembre 1592.
L’éducation de Montaigne
Il a passé sa vie au château Montaigne en Dordogne, dans le Sud-Ouest de la France. Montaigne parlait couramment le latin depuis ses sept ans, c’est pourquoi son père, Pierre Eyquem, a ordonné à ses domestiques d’apprendre cette langue pour qu’ils puissent communiquer avec ce dernier.
Son éducation a été assez particulière. En effet, il était réveillé au son de la musique de l’épinette pour ne pas abîmer ses tympans.
Par passion des lettres, le père de Montaigne a décidé de lui donner une éducation humaniste. Un des principes de ce courant est que l’éducation est d’abord instruction.
Les humanistes, comme Montaigne, préfèrent s’ouvrir au monde plutôt que d’apprendre seul en se repliant sur leurs études. Ceux-ci s’intéressent plus à la philosophie et à l’étude des langues qu’aux sciences. Les humanistes communiquent entre eux en latin. Ils étudient également le grec, l’hébreu et le syriaque. Leur but est de retrouver la profondeur de la pensée des anciens.
Pour revenir à son enfance, Montaigne a vécu celle-ci, selon les préceptes de l’éducation humaniste) avec beaucoup de liberté, de bonheur et sans contraintes. A son arrivée au collège de Guyenne, il a pu remarquer une différence de pédagogie. En effet, il n’y a pas apprécié le fait d’avoir des contraintes, et l’arrivée de la discipline a été violente pour lui. Il parle de celle-ci dans Les Essais comme de quelque chose de très sombre.
Sa vision de l’enseignement d’après les Essais
Montaigne dit tout d’abord qu’il est contre le fait d’apprendre par cœur. Pour lui, une bonne éducation passe par le fait que l’élève ne récite pas seulement la leçon à son maître, mais lui en donne son sens. Le but de l’apprentissage d’une leçon est de comprendre ce que l’on apprend (c’est d’ailleurs comme ça que l’on retient plus facilement) et non de la réciter sans comprendre ce que l’on dit. Il cite à ce sujet Cicéron : « Obest plerumque iis qui discere volunt authoritas eorum qui docent » ce qui signifie en français : « L’autorité de ceux qui enseignent nuit généralement à ceux qui veulent apprendre. ». Le professeur doit, en plus, imprégner en l’élève la leçon, lui en donner la recette et les secrets et non lui faire redire des mots n’ayant aucun sens pour lui. Celui-ci pense que les professeurs doivent faire manipuler la leçon à l’élève sous cent formes différentes pour qu’il soit sûr de l’acquérir. Il pense enfin, qu’il faut adapter l’apprentissage selon la méthode pédagogique de Platon (cf.1).
Il affirme par la suite qu’il est mauvais que les parents soient trop présents. Il dit qu’il ne faut pas élever son enfant dans un cocon familial trop fermé. La surprotection des parents n’est pas favorable à l’apprentissage de la vie. En effet, si les parents sont trop présents et ne cessent d’aider l’enfant, de le protéger et de ne pas laisser faire, dès qu’il rencontrera une difficulté, il ne saura pas s’en sortir tout seul.
Montaigne se bat également contre les professeurs prétentieux qui se sentent supérieurs à l’élève à cause des « connaissances » dont ils disposent et de leur culture générale. En effet, ceux-ci se donnent un air « hautain » ce que Montaigne n’apprécie pas. Il cite ainsi Cicéron : Si quid Socrates et Aristippus contra morem et consuetudinem fecerint, idem sibi ne arbitretur licere : magnis enim illi et divinis bonis hanc licentiam assequebantur, ce qui signifie en français : « S’il est arrivé à un Socrate et à un Aristippe (cf.4), de s’écarter de la coutume et des usages, il ne faut pas se croire permis d’en faire autant : ceux-là méritaient cette licence par des qualités exceptionnelles et divines ». Comme Pythagore (cf.3) l’a dit, il pense qu’il existe trois types de personnes dans la vie : celles qui ne se préoccupent que du regard des autres et de la gloire, celles qui ne pensent qu’à l’argent et ne vivent que pour cela (la définition même de quelqu’un de vénal), et celles qui émettent un jugement sur les actes de quelqu’un mais font de même de leur côté.
L’éloquence est un art, mais Montaigne s’oppose à son excès et aux mensonges. En effet, certaines personnes disent de belles phrases mais ne se préoccupent pas de la langue, ils parlent en surface mais ne traitent pas en profondeur leur sujet. Pour lui, ces belles paroles ne servent qu’aux personnes qui se désintéressent de l’avis des autres. Il dit aussi que certaines personnes mentent lorsqu’elles disent qu’elles ne savent pas s’exprimer. En réalité, toute personne ayant une idée forte dans sa tête saura l’exprimer que ce soit dans une langue ou dans une autre. Comme a dit Horace (cf.2), « Si l’on possède son sujet, les mots viennent sans difficulté » : Verbaque praevisam rem non invita sequentur.
Montaigne a de plus écrit que la façon de parler dépend de nos origines. Par exemple, « les Athéniens ont le soucis de l’abondance et de l’élégance » alors que « ceux de Crète de la fécondité de leurs idées plus que du langage lui-même ». Pour lui, il existe même deux catégories de personnes : celles qui ne se préoccupent que de la langue (λογοφίλους) et celles qui ont la volonté d’apprendre et de s’intéresser (φιλολόγους).
Pour continuer sur les types d’enseignants contre lesquels Montaigne se dresse, celui-ci s’oppose à un enseignement trop sévère. Il n’aime pas lorsque les professeurs sont trop exigeants, notamment sur les récitations de leçons.
Montaigne dit qu’un élève doit s’instruire grâce aux livres, notamment aux « récits historiques », mais il est préférable qu’il comprenne les actes ou du moins essayer de le faire plutôt que de se souvenir des dates : « que son disciple se souvienne plutôt du caractère d’Hannibal et de Scipion que de la date de la ruine de Carthage ».
Lorsqu’il s’agit de sciences, par exemple d’astrologie, Montaigne pense qu’il est inutile de l’apprendre aux enfants car cela prendrait trop de place dans leur tête. Il dit qu’il est préférable qu’ils se cultivent de choses qui les concernent directement.
Il trouve dommage que la philosophie ait une image assez lourde et pesante auprès des enfants. En réalité, celle-ci est très légère et met en valeur la vie sous toutes ses coutures. Pour lui, il est plus intéressant et gai de parler de cela que de grammaire ou de sciences.
Montaigne explique également qu’il ne faut se contenter de s’instruire, mais que le corps doit aussi faire partie de l’étude. Les deux sont liés « ce n’est pas assez de lui roidir l’âme, il lui faut aussi roidir les muscles » (citation des Essais de Montaigne).
Du point de vue de Montaigne, l’éducation et l’étude servent en résumé à apprendre de nouvelles choses, à voir de nouvelles choses, à profiter, et à “apprendre” la vie dans ses bons et mauvais côtés.
Présentation des auteurs grecs et latins cités
Platon (Πλάτων en grec ancien) (cf.1) est né vers 428 -427 avant J.C à Athènes et mort vers 348-347 avant J.C à Athènes.C’est philosophe de la Grèce classique, qui a été l’élève de Socrate.
Socrate (Σωκράτης en grec ancien) (cf.2) est né vers 470-469 avant J-C à Athènes et mort vers 399 avant J-C à Athènes. Socrate est grand philosophe grec du Ve siècle avant J-C car il se trouve être un des créateurs de la philosophie morale. Il n’a écrit aucun texte ; tout son enseignement était transmis à l’oral.
Pythagore (Πυθαγόρας en grec ancien) (cf.3) est né vers 580 avant J-C à Samos et mort vers 495 avant J-C à Métaponte, en Grèce. C’était un réformateur religieux et un philosophe présocratique. Il était également mathématicien et scientifique.
Aristippe (Ἀρίστιππος en grec ancien) (cf.4) souvent appelé Aristippe de Cyrène est né en 435 avant J-C à Cyrène (en Libye actuelle) et mort en 365 avant J-C à Cyrène également. C’était un disciple de Socrate et aussi un philosophe grec. Il fut, en 399 avant J-C, le fondateur d’une école dite cyrénaïque.
Anatole, Joseph, Lou, Zoé
Épisode 6/8 : De la lecture selon Montaigne
De la lecture selon Montaigne
Pour Montaigne la lecture est un travail de réflexion mais il n’aime que les lectures plaisantes et faciles à lire, qui consolent ses maux et qui règlent sa vie et l’aident à envisager la mort.
Pour lire, il se réfugie souvent dans sa « librairie » qu’il considère comme un endroit de refuge, de paix et de sécurité d’où il peut également contempler son domaine. C’est un endroit qui est à l’écart de la société. Dans sa librairie il aime feuilleter « tantôt un livre tantôt un autre » sans ordre sans but précis, de façon décousue. Par cette activité, il peut rêver et s’évader du monde réel : *Tacitum sylvas inter reptrare salubres,/Curantem quidquid dignum sapiente bonoque est.
Montaigne ne peut pas lire un texte ou un livre en entier s’il l’ennuie. Il préfère les auteurs anciens plutôt que les récents, car il les considère « plus solides ». Cette lecture lui permet d’acquérir des connaissances comme « un enfant ou un apprenti ».
Parmi les auteurs de poésie qu’il préfère, il considère au premier rang les poètes Virgile, Lucrèce, Catulle et Horace. Il aime particulièrement Virgile et ses Géorgiques, qu’il considère comme l’ouvrage de la poésie le plus accompli.
Ces quatre auteurs sont des poètes et/ou philosophes latins, ayant vécu au premier siècle av J-C. Il pense que ces poètes ont évité « l’affection » et les « effets plus mesurés » qui forment les éléments décoratifs de tous les ouvrages poétiques des siècles suivants.
Son autre lecture favorite est celle des textes de Plutarque, depuis qu’il est traduit en français, et de Sénèque. Pour lui, ces poètes mélangent l’utilité au plaisir et il apprend à régler ses comportements et ses goûts sur eux. Il trouve que ces deux poètes ont un avantage notable : le savoir qu’il recherche est exposé sous forme de fragments qui ne réclament pas une longue étude, ce dont il est incapable. Il apprécie les opuscules de Plutarque et les épîtres de Sénèque. Ces textes-là ne lui demandent pas de très gros efforts pour les lire et c’est pour cela qu’il les apprécie. Plutarque a des conceptions platoniciennes, il s’inspire des écrits de Platon qui, d’après Montaigne, convient facilement à tous les citoyens. Sénèque, quant à lui, est un poète épicurien et stoïcien, dont les opinions sont, selon lui, plus utiles pour l’individu.
Montaigne a un avis particulier à propos de Cicéron. Il dit que ses ouvrages peuvent lui servir car il traite de la philosophie morale. Cependant sa façon d’écrire lui déplaît beaucoup car elle lui semble ennuyeuse. Pour lui, ses textes sont très intéressants mais sont étouffés par leur longueur. Si Montaigne a passé une heure à lire un de ses textes, après cette lecture, il ne se souvient que d’idées vagues. Il dit qu’il n’a retenu que du « vent », comme si ses idées étaient passées trop vite en lui. Pour lui, Cicéron met trop de temps à formuler son raisonnement et ses arguments, alors que c’est ce qui intéresse Montaigne.
Montaigne a un avis plutôt atypique par rapport au philosophe grec Platon. Il trouve que les dialogues de Platon sont très longs et comportent des passages inutiles, et qu’il ne trouve rien d’intéressant dans sa façon d’écrire.
Un auteur que Montaigne aime particulièrement est César. Montaigne trouve que c’est un personnage illustre qui mérite de l’attention, pas par rapport à son histoire, mais pour lui-même, pour ce qu’il était réellement. Il trouve que c’est un personnage emblématique qui dépasse les « autres » par son excellence et sa perfection. Montaigne l’apprécie pour sa grandeur autant que pour sa sincérité. Il trouve que c’est un personnage qui est resté trop discret sur lui-même, trop humble sur la façon avec laquelle il a réalisé ses projets.
En conclusion, Montaigne dit que l’histoire est « son gibier » en lecture tout comme la poésie. Il apprécie de nombreux auteurs grecs et latins, même si son avis par rapport à la lecture des anciens est contrasté.
*En silence je vais dans des forêts salubres,/Occupé de ce dont s’occupe un sage, un honnête homme. Properce
*stoïcien: qui suit la doctrine de Zénon.
*épicurien : qui suit la doctrine d’Épicure et de ses disciples
Présentation rapide des auteurs, poètes, philosophes cités dans le texte :
Virgile est un poète latin ayant vécu au premier siècle avant Jésus Christ. Il a écrit les Géorgiques, long poème didactique.
Lucrèce est un philosophe et poète latin ayant vécu au premier siècle avant Jésus Christ. Il est l’auteur d’un seul ouvrage divisé en six partie qui s’appelle De la nature des choses qui décrit le monde.
Catulle est un poète latin ayant vécu au premier siècle avant Jésus Christ. Il a laissé des pièces lyriques évoquant ses amours tumultueuses avec Clodia, chantée sous le nom de Lesbie, et des poèmes érudits.
César est un général, homme d’État et écrivain romain ayant vécu au premier siècle avant Jésus Christ.
Horace est un poète latin ayant vécu au premier siècle avant Jésus Christ.
Plutarque est un biographe, penseur et moraliste majeur de la Rome antique ayant vécu au premier siècle après Jésus Christ. Il a rédigé beaucoup d’œuvres morales qui s’opposent à la société dans laquelle il vivait.
Sénèque est un philosophe de l’école épicurienne, un dramaturge et un homme d’état romain du premier siècle.
Cicéron est un homme d’État romain du premier siècle avant Jésus Christ, brillant orateur. Il est à la fois avocat, philosophe, rhéteur et écrivain.
Platon est un philosophe de la Grèce classique, ayant vécu au quatrième siècle avant Jésus Christ.
Arthur, Basile, Célestin, Loonis
Épisode 7/8 : De la mort selon Montaigne
Montaigne: la mort
“Puisque nous ne savons pas où la mort nous attend, attendons-la partout. Envisager la mort, c’est envisager la liberté.”
Introduction
Michel Montaigne a beaucoup réfléchi à la façon d’accepter la mort. Dans ce podcast, nous allons analyser certains extraits de ses Essais afin de résumer sa pensée à ce sujet.
Nous allons donc premièrement parler de sa pensée sur la mort en général puis, dans un second temps, de son propre contact avec la mort.
Partie 1: sa pensée sur la mort citations et interprétations
Nous allons commencer par citer quelques extraits de ses Essais “Pourquoi changerais-je pour vous ce bel agencement des choses ? La mort est la condition de votre création : elle fait partie de vous, et en la fuyant, vous vous fuyez vous-mêmes”
Montaigne aspirait donc à accepter la mort, à lui faire face. Les hommes naissent pour mourir mais ne doivent pas pour autant passer leur vie à y penser et à la craindre. “[la mort]c‘est [l]a fin [de la vie], son extrémité, non pas pour autant son objet.”. Dans sa librairie, il a fait peindre sur une poutre du plafond la sentence de Martial : Summum nec metuam diem nec optem qui signifie « Ni craindre ni espérer mon dernier jour »
Dans les Essais, il se demande même s’il existe une belle manière de mourir : « Et ne pourrait- on pas aller jusqu’à la rendre voluptueuse, comme ce fut le cas pour Antoine et Cléopâtre, qui se suicidèrent ensemble ? »
Montaigne ne parle que de lui, il est son propre sujet d’étude. Pourtant il cite constamment les autres. Par exemple il était très inspiré par les auteurs de la Grèce et de la Rome antique comme :
l’orateur romain Cicéron:
« Cicéron dit que philosopher n’est autre chose que de se préparer à la mort. »
le consul Paul Emile qui « répondit à celui que le misérable roi de Macédoine, son prisonnier, lui envoyait pour le prier de ne pas le faire défiler dans son triomphe ! : « Qu’il s’en fasse la requête à lui-même ! » qu’il cite pour montrer que « Savoir mourir nous affranchit de toute sujétion ou contrainte ».
ou le philosophe Socrate
« je préférerais boire le breuvage de Socrate plutôt que de me frapper de mon épée »
Pour Montaigne la vie ne trouve pas sa qualité dans sa longueur mais dans ce que l’on fait d’elle. Il aspirait à profiter du moment présent sans se soucier du moment où la mort allait arriver :
« L’utilité du vivre n’est pas dans l’espace de temps, elle est dans l’usage. Tel a vécu longtemps qui a peu vécu. Il dépend de votre volonté, non du nombre des ans que vous ayez assez vécu. »
Partie 2: Montaigne face à la mort
Au cours sa vie Montaigne a été beaucoup en contact avec la mort, ce qui explique peut-être pourquoi il a tant écrit à ce sujet. Il a été très notamment très affecté par la mort de son ami Etienne de La Boétie, puis par celle de son père et de nombreux de ses enfants.
Montaigne a également été confronté directement à la mort lors d’une chute à cheval. Il a été éjecté de sa monture lors d’une promenade : « J’avais pris un cheval docile, mais pas très sûr ». Les personnes présentes lors de l’incident le pensant mort, ils l’ont emmené dans sa demeure, mais sur le chemin, il a commencé à se remettre. Il a cependant rejeté beaucoup de sang : « un plein seau ». Cela lui est arrivé plusieurs fois pendant le voyage. Il a commencé à se sentir mieux après quelques temps mais ses premières douleurs lui faisait ressentir des sensation plus : « proches de la mort que de la vie ».
Montaigne a tiré de cet incident la leçon suivante : « Le récit d’un événement aussi banal serait au demeurant assez dérisoire, n’était l’enseignement que j’en ai tiré pour moi-même; car en vérité pour s’habituer à la mort, je trouve qu’il n’est pas meilleur moyen de s’en approcher. Or, comme dit Pline, chacun est pour soi-même un très bon sujet d’étude, pourvu qu’il soit capable de s’examiner de près. Ce que je rapporte ici, ce n’est pas ce que je crois, mais ce que j’ai éprouvé; ce qui n’est pas la leçon d’autrui, mais la mienne. »
Maïa, Mya, Paul, Tom
Épisode 8/8 : De l’amitié selon Montaigne
De l’amitié selon Montaigne
Biographie de Montaigne
Montaigne est né le 28 février 1533, au château de Montaigne, en Dordogne, dans un siècle politiquement troublé. Il a consacré sa vie à l’écriture de ses Essais.
À la mort de son père en juin 1568, Michel hérite de la terre et du titre de « seigneur de Montaigne » ; désormais riche, il peut quitter sa charge de magistrat diplomate. En juillet 1570 Montaigne se consacre à l’écriture et à l’édition. Il écrit de nombreux essais sur plusieurs thèmes différents et notamment sur l’amitié.
Essai définition : l‘essai est un ouvrage à travers lequel l’auteur expose ses idées. (Larousse)
Qu’est ce que l’amitié ?
L’amitié, du latin « amicitia », est un sentiment d’affection entre deux personnes, un attachement, qu’une personne témoigne à une autre (Larousse). L’amitié est un nom sacrée, une chose sainte qui naît d’une mutuelle estime.
Sa vision de l’amitié
Pour décrire sa vision de l’amitié Montaigne cite Cicéron « Omnino amicitiae,
corroboratis jam confirmatisque ingeniis et aetibus judicandae sunt » (On ne peut pleinement juger des amitiés que lorsque, avec l’âge, les caractères se sont formés et affermis). Cicéron est un homme d’état romain et brillant orateur. Il est né le 3 janvier 106 av.J.-C à Arpinium en Italie et est assassiné le 7 décembre 43 av.J.-C à Formies. Il est à la fois avocat, philosophe, rhéteur, et écrivain latin.
Montaigne décrit l’amitié comme une élection : « on choisit ses amis contrairement à ses frères, ses parents ou ses enfants ». C’est une évidence, on ne la programme pas. L’amitié engage une implication totale, il faut donner de sa personne, être complètement transparent.
Son amitié avec La Boétie
Montaigne, dans ses Essais, fait l’éloge de La Boétie : « Mais de grand homme en général, ayant
tant de qualités réunies ou bien une, mais portée à un tel degré d’excellence qu’on ne puisse que l’admirer ou le comparer à ceux que nous honorons dans les siècles passés ».
Il décrit son ami comme une personne admirable « c’était vraiment une belle âme, et qui offrait un bel aspect à tous les points de vue, une âme à la façon ancienne ».
Montaigne insiste bien sur la distinction entre ce qu’on appelle ami ou amitié, qui ne sont « que des relations familières nouées par quelques circonstances ou par utilité, et par lesquelles nos âmes sont liées ». Sa relation avec La Boétie, il la décrit autrement « elles s’unissent et se confondent de façon si complète qu’elles effacent et font disparaître la couture qui les a jointes » . Cela montre à quel point elle est puissante.
Lorsque l’on demandait à Montaigne pourquoi il aimait son ami, celui-ci répondait tout simplement « parce que c’était lui, parce que c’était moi ».
Biographie d’Étienne de La Boétie
Étienne de La Boétie est un écrivain, poète et juriste français, né le premier novembre 1530 à Sarlat, dans le sud-est du Périgord. Il est mort le 18 août 1563 à Germignan, à côté de Bordeaux.
Une amitié profonde a lié le brillant Etienne de La Boétie à Michel Eyquem, de leur rencontre en 1558, jusqu’à la mort de La Boétie. L’affection indéfectible et le talent de Montaigne en ont fait un symbole éternel de l’amitié. C’est de leur attachement que parle Montaigne lorsqu’il explique : « Parce que c’était lui ; parce que c’était moi », au chapitre « De l’amitié » dans les Essais.
La mort de La Boétie
Montaigne pleure, dans ses Essais, la mort de son ami fidèle ; il compare les quatre ans de sa vie qu’il a partagés avec la Boétie au restant de son existence : depuis sa mort sa vie est « une nuit obscure et ennuyeuse ».
Après la mort de son ami, Montaigne hérite de ses livres. Il inscrit alors sur ces derniers un «B» (pour La Boétie).
Emma, Hugo, Lilia, Mathilde
Projet soutenu par le Conseil Départemental de la Gironde