La résistante, poétesse et journaliste Madeleine Riffaud, s’est éteinte aujourd’hui.
Engagée dès l’âge de 18 ans dans un groupe de Francs-tireurs et partisans, ses actions de combat en ont fait une figure emblématique de la Résistance. Journaliste-reporter pendant les guerres du Vietnam et d’Algérie, elle était également poétesse. Elle est morte ce mercredi à l’âge de 100 ans.
Née en 1924 dans la Somme, cette fille unique d’instituteurs rejoint la résistance à 16 ans. Elève sage-femme à Paris, elle devient agent de liaison avec ses compagnons communistes des Francs-tireurs et partisans (FTP) de la faculté de médecine. Elle devient “Rainer”, en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke, pour signifier qu’elle “n’est pas en guerre contre le peuple allemand, mais contre les nazis”.
Le massacre d’Oradour-sur-Glane, un village de sa jeunesse décimé en juin 1944, provoque son passage aux armes. Le 23 juillet, elle assassine de deux balles dans la tête un gradé nazi sur le pont de Solférino, à Paris. “Je regrette, d’ailleurs, d’avoir tué cet homme. Tu es là. Tu regardais la Seine. Est-ce qu’on peut être méchant, quand on regarde la Seine ? C’était peut-être un type bien. Mais ça… Bon, c’est la guerre”, disait-elle.
Après la Libération, elle veut intégrer l’armée, mais n’a pas 21 ans. Son engagement s’arrête là. Sans nouvelle de ses amis déportés, hantée par le souvenir des geôles, elle plonge dans la dépression comme elle le raconte dans On l’appelait Rainer. Touché par sa détresse, Paul Eluard la prend sous son aile, préface son recueil de poèmes Le Poing fermé, en 1945. Il l’emmène chez Picasso qui la peint – petit visage déterminé encadré par une chevelure brune et épaisse –, lui présente l’écrivain Vercors.
Elle débute ensuite à Ce soir, journal communiste dirigé par Aragon. Puis, pour L’Humanité, elle couvre la guerre en Indochine où Ho Chi Minh la reçoit comme “sa fille”. Elle part clandestinement en Algérie où elle échappe à un attentat de l’OAS (Organisation de l’armée secrète). Elle dénonce la torture pratiquée à Paris contre les militants du FLN (Front de libération nationale). Puis elle repart au Vietnam et couvre, pendant sept ans, la guerre. A son retour, elle travaille comme aide-soignante dans un hôpital parisien et dénonce, dans Les Linges de la nuit, vendu à un million d’exemplaires, la misère de l’Assistance publique.
Son histoire avait été racontée dans une bande dessinée publié en août 2021 par le dessinateur Dominique Bertail et le scénariste rémois, Jean-David Morvan “Madeleine résistante”. Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud avaient travaillé de concert durant 4 ans pour mener à bout ce travail de mémoire. La bande dessinée avait reçu, en 2022, le prix Goscinny du meilleur scénario.